ZOOM SUR Piletta, un spectacle radiophonique live

Au départ, «Piletta» était un texte en prose qui aurait pu rester une histoire «à lire», mais quelque chose nous disait qu’il fallait la mettre en voix et en mouvements, peut-être. Nous avons d’abord pensé en faire une pièce de théâtre, jusqu’à ce que son indéniable oralité et un heureux concours de circonstances nous poussent à l’évidence : nous en ferions une ction radiophonique.Alors nous avons réalisé « Piletta Louise », notre première ction radio, enregistrée, radiodiffusée et gravée sur cd. Une fois créée, ce genre de production vous échappe, elle est lancée sur les ondes, offerte à l’audience et poursuit son chemin sans vous et sans vous donner beaucoup de nouvelles (à la différence du théâtre où l’on partage directement avec le public dont on connait l’avis dès que le rideau tombe). «Piletta» a donc voyagé seule – de diffusions hertziennes en lecteurs cd – pendant quelques années, jusqu’à ce que, en 2015, un festival nous donne carte blanche pour une performance live et que nous proposions de présenter une fiction radiophonique en direct et en public.

C’était l’occasion pour nous de rattraper « Piletta Louise » et de lui donner une nouvelle vie, un nouveau son, et du corps !, en créant « Piletta ReMix ».Alors que la version originale comptait une dizaine de comédiens, des bruitages et habillages pré- enregistrés, le tout dans un univers musical folk- rock, ici, tout (ou presque) se fait à cinq et en direct : narration, chansons, ambiances, bruitages, mixage et musique. Pour ce « ReMix » nous avons opté pour une création musicale électronique car les boites à rythmes, samplers et autres petites machines et logiciels nous permettent de fabriquer la musique en live en partant des voix, bruitages et ambiances créés sur scène.

Dans « Piletta ReMix » tout est fait pour et par le son, ce qui nous permet de jouer avec les perceptions. On entend ce qu’on voit mais aussi ce qu’on ne voit pas. Peu à peu le décalage se crée et l’on voit aussi ce qui ne s’entend pas. Les voix se multiplient, se transforment. Les objets détournés se mettent à chanter et le récit est lancé sur les ondes qui se dénudent peu à peu pour montrer l’envers du décor et partager le mystère de la fiction sonore avec des auditeurs-spectateurs complices de la création. Car eux aussi sont équipés d’un casque qui leur permet de profiter au mieux de la magie de la mise en ondes, car cela nous permet de les immerger complètement dans la puissance du son, en racontant l’histoire à l’oreille de chacun, dans une intimité inédite : l’intimité collective.

Si, à l’origine, l’idée d’explorer le médium sonore nous est venue d’une impulsion un peu folle (nous posant d’ailleurs un beau challenge : appréhender un média que nous connaissions peu, que très peu d’entre nous avaient déjà pratiqué) ; nous avons vite pris conscience de sa puissance, de sa propension à ouvrir l’imaginaire et de son absolue nécessité en ces temps de dictature de l’image.

Orson Welles disait que « la différence entre la radio et le cinéma, c’est qu’à la radio l’écran est plus grand », et nous le vérifions à chacune de nos créations sonores.

ARTICLES CONNEXES